Il y a quelques mois ...
J'avais écrit ça :
Je pense à Yaoundé.
Je pense que je vais prendre un grand avion, toute seule, et voir l'Afrique se dessiner en couleurs, en ocre et vert, sous les nuages.
Je pense que j'aurais très peur au décollage et personne pour me donner la main.
Je pense comme ça va être joli d'arriver ailleurs pour trois mois.
Je pense que je vais rencontrer des gens intéressants, nouveaux, doués, cultivés, courageux, qui vont m'apporter beaucoup.
Je pense aux milliards de visages qui vont passer devant mes yeux.
Je pense aux odeurs, aux couleurs, aux formes, qui vont brûler mes yeux, nourrir mes mains pendant des jours entiers.
Je pense que je vais habiter ailleurs pendant trois mois, et dormir sous une moustiquaire.
Je pense que je vais travailler, dessiner, apprendre, rire, parler, échanger.
Je pense que ce sera la saison des pluies et que je vais me prendre beaucoup d'eau sur la tête.
Je pense aux enfants africains, à leurs yeux, à leur sourires, à leurs histoires.
je pense que je vais devoir manger des choses différentes et nouvelles.
Je pense que je vais avoir peur le matin, d'avoir un scorpion dans mes chaussures.
Je pense aux femmes noires, à leurs peaux de princesses, à leurs regards intenses, à leurs démarches dansantes, à leurs robes éclatantes.
Je pense que je vais avoir des habitudes, du quotidien en Afrique.
Je pense à comme ma famille va me manquer, et rien que d'y penser, j'ai les yeux qui s'embuent.
Je pense à tout ce qu'il y aura à dessiner, à peindre, à raconter, aux centaines de pages qu'il me faudra, à regarder partout, tout le temps, pour tout attraper.
Je pense aux premiers jours, quand je vais être malade à cause du climat, de la nourriture, de l'ailleurs, et que ce sera la première fois de ma vie que je serais malade sans téléphoner à ma maman.
Je pense aux derniers jours, quand je devrais repartir et que j'aurais l'impression d'avoir habité là toujours.
Je pense aux gens que je ne connais pas encore, et que je vais découvrir et apprécier.
Je pense à mon travail, au coup de fouet que ça va être de découvrir un autre culture, une autre lumière, une autre manière de dessiner, de traiter l'image.
Je pense que j'ai très peur.
je pense que je suis très heureuse."
Et c'était des milliards de fois vrai.
L'Afrique me manque.
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