En attendant Juillet
J'ai vu ma première pluie tropicale.
En brousse de nouveau, des heures dans une voiture qui cahote dans la boue, des villages, des gamins,
Et le ciel dehors qui a pris des couleurs inconnues, mélangées, du bleu, violet, pourpre, ocre, grisâtre, noir, brun, sur fond d'arbres et de broussailles,
Un ciel brutal sur un vert éclaté, intense,
Il faudrait des milliers de couleurs pour arriver à ce mélange, à cette lourdeur lumineuse, le Cameroun a la plus jolie des palettes,
Et ce ciel toujours qui gronde, tourne et retourne son orage
Des ombres, des craquements,
Et l'air autour qui change,
L'avant-pluie, il y a cette sensation aussi en France avant les éclats d'août, mais jamais autant, jamais avec autant de présence...
On était dans une case, je guettais les balbutiements du ciel par la fenêtre déglinguée, en écoutant à peine, et d'un coup c'était là...
J'ai entendu le bruit de la pluie sur la tôle avant de la voir au sol
Un rideau de gouttes, un bruit lourd, assourdissant, plein
Et dehors, comme c'était beau...
Je suis sortie, plein air sous un rebord de case, un peu de toit au-dessus de ma tête pour ne pas mourir noyée,
Je suis devant la pluie en Afrique
C'est beau comme un miracle, ça transforme tout
L'eau partout, la terre et le ciel se rentrent dedans, se cognent et s'entremêlent, les arbres dansent et le sol se gorge, bulles, flaques, ruisseaux, cascades et l'eau boueuse, argile, mes mains dans la terre et tout se recouvre de nuages, je n'existe même plus...
L'odeur de pluie, de terre mouillée me rentre dans la gorge
le fracas de l'eau sur le toit m'étouffe
et le gout de l'air m'évapore..
Mon instant de grâce, un jour tout bête,
Mes bêtises d'éternité trempée...