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Léah Touitou - Ecriture
27 avril 2012

Ouvrir les yeux.

C'est comme un champ, c'est flou comme quand on rêve, on dirait un tableau, avec des blés, des nuages lourds, du jaune, du violacé, on est ensemble, je suis en train de te parler, je parle, je parle, je parle et moi-même je n'entends pas ce que je dis, mes lèvres bougent à toute allure.

Je me tourne vers toi, et c'est toi, mais toi plus jeune, encore adolescente, excatement comme sur une photo affichée dans mon bureau, c'est toi, mais tu ne me regardes pas, tu ne te tournes pas vers moi alors que je te parle tant et tant, et soudain je me mets à crier contre toi, à crier très fort, une vraie colère, une fureur sans nom, je hurle " Tu m'écoutes ? Tu m'entends,  tu entends ce que je dis ? Ecoute-moi ! Ecoute-moi !"

Et je t'aggrippe par les épaules, par le revers de ton sweat pour te forcer à me regarder et soudain ton corps se disloque, tes yeux se révulsent, ton corps tremble et s'affaisse comme celui d'une poupée sans force, tu te liquéfies dans mes bras et petit à petit, tu trembles, tu fonds, tu rétrécis, et bientôt il ne reste dans mes mains que ton sweat que je froisse entre mes doigts.

Je te cherche des yeux, je crie ton prénom, je tourne sur moi-même pour te retrouver. Et je t'aperçois au loin, loin dans les champs, loin sur les chemins, tu es minuscule, un petit point à l'horizon, tu es loin, tu t'éloignes et je vois ta silhouette de dos, ta toute petite silhouette fragile sous les immenses nuages violets, je crie, je crie pour que tu te retournes et tu ne m'écoutes pas, et mon cri devient strident, aigu, rythmé, si strident que j'ouvre mes yeux.

J'éteins le réveil.

C'est le matin, c'est un sale matin triste, je pense à toi.

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