L'hiver de mes dix-neuf ans (2/3)

La neige va si bien aux amoureux …

La neige va si bien aux chuchotis, aux serments esquissés, aux étreintes légères des presque amants, aux baisers timides, aux abandons furtifs, aux murmures étouffés.

Le blanc du ciel, le bleu du cœur, le rose aux joues.

La neige, comme le monde qui tire le rideau un instant, la neige et son silence plein de promesses devinées, la neige et son grand drap de flocons tièdes, sa couverture jetée sur le paysage, la neige qui fait du monde un lit humide…

La neige va si bien aux amoureux, à leur cœurs d’oiseaux, à leur corps frileux, à leurs yeux agrandis par l’hiver, à leurs frissons d’arbres, à leurs bouches hésitantes et à leur souffles étoilés …Le monde n’existe plus que sous leurs pas de danseurs, et ce flou alentour…

La neige va si bien aux amoureux…

J’étais assise sous un arbre qui pleurait des larmes de gel, ça ruisselait sur les branches, ça coulait sur mes joues, un peu, si peu …

Où s’étaient-ils enfuis l’hiver d’avant, la neige de mes dix-huit ans ?

Où étaient-ils, mes aveux silencieux, mes soupirs d’amoureuse ?

Est-ce que tout ça s’effilochait si vite ?

Que s’était-il passé entre ces deux hivers, où avait-elle fondu cette année-là ? Les flocons tombaient sur mon visage, ça brûlait ma peau, c’était agréable et douloureux…