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Léah Touitou - Ecriture
28 avril 2008

En attendant Juillet



Je suis allée à la messe en tenant la petite main de huit ans de mademoiselle Audrey.

Le chemin est tiède et boueux, les gamins se courent après, les filles sautent à la corde.
Les gens se protègent du soleil sous des parapluies colorés, les mamans portent leurs bébés dans le dos, enroulés dans de grands tissus transparents, des boubous plein de motifs.
L'église est jaune et bondée. Les petites filles sont vêtues comme des mariées, robes blanches et souliers vernis. Et partout, ces visages éclos, ouverts...

On attend des heures, ou presque, les bancs sont pleins, on fait passer les enfants devant, assis par terre devant l'autel, assis en l'air sur les rebords de fenêtres.

Les gens continuent d'entrer, ça parle, ça fuse de partout, je regarde et je n'ose pas sortir mon cahier pour dessiner.

Audrey passe sur mes genoux pour laisser de la place à une jeune femme et son enfant.
La jeune femme s'assoit en repliant sa robe, elle doit avoir mon âge, à peine plus. La petite qu'elle tient dans ses bras attrape mes doigts, ouvre des yeux éberlués. Sa mère me regarde, presque amusée. " C'est la première fois qu'elle voit une blanche." Je lui souris. Je serre les doigts de la petite.

Audrey gigote sur mes genoux.

Puis, la messe commence.

J'avais des souvenirs de messes françaises assez moroses, des heures longues, des discours tristes, de majuscules faciles.
Et le prêtre est là, tout habillé de blanc, et il dit " Vous êtes beaux ! Merci d'être là ! Vous êtes élégants ! Merci d'être là ! "

Et les gens chantent, tapent dans les mains, dansent, ils prient d'abord en français puis en ewondo, j'essaye de répéter les mots, de me souvenir.

C'est beau, c'est émouvant.
Les gens sont vraiment ensemble, leurs voix sont sincères, pleines, émues.

Ils se souhaitent "la paix du Christ" : tu te saisis des deux mains de la personne la plus proche de toi, tu la regardes dans les yeux, tu lui souris : " Que la paix soit avec toi."

Et je me retrouve là, perdue, je ne sais pas quoi faire pendant que tous ces fidèles s'offrent des souhaits et des sourires, et la jeune femme près de moi attrape mes poignets, me sourit, et Audrey aussi, et un monsieur devant, et un adolescent, puis sa mère, et puis...

Je ne suis pas catholique, je ne sais même pas si je suis croyante, je voulais juste voir, découvrir, apprendre...

La vraie foi, je l'ai trouvée là, dans les mains, les regards, les voix, les prières de plein d'inconnus qui, sans m'avoir vue jamais sont venus vers moi, confiants, sereins.

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