Mademoiselle Automne

Mademoiselle Automne, je vous ai prise pour n'importe qui, pardon, je n'ai pas su vous regarder comme il faut, la première fois, j'ai détourné les yeux, j'ai cru que vous étiez une de ces autres, trop bruyante, trop présente, vous m'avez fait peur avec vos majuscules et vos fards trop vifs.

Mademoiselle Automne, pourtant, après, dans votre voix, ça brillait tellement, vous que j'avais cru autoritaire,

Je vous ai trouvée soudain, brisures d'octobre,

j'ai trouvé toutes les aubes sur vos mains

et toutes les rousseurs de septembre sur vos paupières

J'ai trouvé ce goût des pierres jetées dans les ruisseaux,

Et le froid du vent sur vos poignets, écho des sources claires

J'ai trouvé des brins de laine dans vos cheveux, Novembre à l'écheveau

Et la bruine, la pâleur des matins ...

La sève des collines dans vos veines, pulse, sang d'écorce

Votre visage apparait au fond des flaques d'eau

Oh mademoiselle Automne, je vous ai trouvée soudain,

Et vous m'avez souri, éclat de presqu'hiver,

Ambre et miel, sciure, aiguilles de pin,

Sourire de châtaigne et de chagrin.

Oh, pardon, mademoiselle Automne, je vous avais prise pour n'importe qui, je ne le savais pas, ce sourire de saison, je n'avais rien vu la première fois, je ne savais pas toute cette lumière dans votre regard de feuille tombée, pardon.