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Léah Touitou - Ecriture
9 septembre 2008

Dans la peau.


D'abord, j'ai eu un peu honte, j'ai gardé mon pull, les manches jusqu'aux poignets, les doigts serrés sur le tissu.
Puis, il a bien fallu les montrer, ces écorchures encore vivaces sur ma peau brunie.

Quitter ma cachette de tissu, et au grand jour,
Un chemin de cicatrices pâles,

l'histoire de ces deux mois, pointillés de douleurs sur mes épaules, mes avants-bras, piqures de moustiques et épiderme fragile, trop de chaleurs, trop de griffures,  une infection, des marques encore à vif, souvenir, grains d'Afrique, grains de beauté, la carte de mes galères imprimée à même le corps.

Sourire devant ma peau nue, "ça cicatrisera, ça disparaitra, et de toute façon, si tu savais comme je m'en fous, ça ne change rien à qui tu es."

Alors j'ai pu marcher dehors, la peau offerte, les dernières embrassades-soleil de Septembre.
Dans le centre commercial, devant une boutique très classe, une demoiselle très classe a haussé des sourcils horrifiés devant ma peau d'écorchée, mélange de mépris compatissant et de dégout.

J'ai eu envie de rire, c'est venu du fond de mon ventre,
Un rire qui m'a rappelé que j'étais bête d'avoir peur,
et que j'en étais tellement fière, de mes bras d'abimée.

Mon pull est resté dans mon sac, puis sur une chaise.

"Regardez tous,

comptez les écorchures, les marques, les cicatrices, les taches,

multipliez par dix,

c'est le nombre de fois où j'ai pleuré de joie, là-bas. "

 

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