De l'autre côté de l'océan

Et arriver ici.

Arriver, away-away, ici où tout est pareil et différent. Et découvrir, grande bouffée d'air, grand bleu, ciel dégagé sur Montréal-juillet.

Se bercer de l'accent québécois, ces phrases étirées, accent chewing gum à mâcher, qui étire les voyelles comme des bulles et qui claque les consonnes à l'élastique, et ce français anglais charmant mélange très embrouillé, vacille " hello, hi, hey, morning, joyeuse journée."

Grandes rues briques rouges, Hochelaga et les écureuils gris qui filent dans les jardins, sur les trottoirs, sous les fenêtres. Je suis sortie, c'est le Canada, six heures de plus et trois notes de guitare, jazz festival, je me suis assise dans l'herbe, les enfants étaient pieds nus, et ils jouaient avec des cailloux, le soleil a embrassé ma bouche, j'ai fermé mes yeux sur juillet heureux.

C'était les échos du feu d'artifice et le Vieux-Port, les boucles mosaïque à marchander en anglais bafouillé, et guitare encore, Beatles sur la nuit tombée, "Imagine" et " Let it be", et j'ai seize ans passés.

Et puis encore, Mont-Royal; les arbres comme des bras autour de moi, le lac de libellules, et une demie-heure de pédalo, plastique brûlant, pieds nuages blancs, j'ai écouté lire tout fort comme il fallait, un chapitre roman policier.

Vanille-vanille, citron vert au rhum-juillet, sommeil sucré, et dimanche de plomb.

C'est juillet, taches de rousseurs fleuries au bout du nez.