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Léah Touitou - Ecriture
21 avril 2008

Pardonnez-moi


 
J'aurais voulu prendre la route vers chez vous et vous revoir, juste un instant, juste quelques jours. J'aurais voulu, quelques heures, les arbres noirs, les routes désertes et votre maison-refuge,  j'aurais voulu me blottir dans un fauteuil et regarder le feu.
Je le raconte dans ma tête, souvent, au fil des jours déroulés, je me raconte votre voix de jolie-fumeuse, votre regard tiède et vos mots rassurants.

J'en aurais tant besoin en ce moment, de brûler mon dos devant votre cheminée,  brûler ma gorge avec votre whisky tourbé, brûler mes doigts en enflammant des écorces.

J'aurais besoin de sommeil oublieux, et de temps détaché, j'aurais besoin de chemins broussailleux pour marcher longtemps et réfléchir, j'aurais besoin de vos fenêtres embuées et de forêts derrière la vitre, d'heures trainantes à vous écouter, j'aurais besoin de me laisser bercer. De presque m'endormir devant les braises à cinq heures du matin, le chat sur les genoux, finalement me lever le dos cassé les paupières lourdes et voir l'aube grise dehors, un peu d'air froid avant de monter l'escalier.

J'aurais besoin de cette maison silencieuse en plein jour, et bruyante de rires, d'éclats et de musique bizarre en pleine nuit. De ces chambres obscures où le lit prend toute la place,  de ces jours disparaissants, de pensées diluées dans l'eau fumante, de thé tiède et de bibliothèque. 

C'est bête, ça me fait bête, de penser à tout ça, je voudrais juste que vous me preniez dans les bras, ce serait si facile, je voudrais pouvoir être là, et laisser venir les mots, parce que dans votre maison, les mots me viennent tous seuls sans réfléchir, j'aurais voulu vos mains sur mes épaules, pouvoir cracher tous ces doutes, vous raconter les errances, les mauvais choix, la facilité bête, cette impression parfois que tout est vain.

J'aurais voulu vos mots pour me dire que la vie est bordélique et que je suis toute petite, que j'ai seulement 21 ans, que tout va passer, qu'il faut juste du temps, que rien n'est grave, qu'on s'en fout de tout, que l'important c'est juste d'être là, vivante, et qu'on verra bien, que je vais grandir encore, que j'ai tout à vivre, que les choses vaines sont importantes aussi, qu'il faut passer par là, qu'il faut avoir confiance et rester debout et lumineuse.

J'aurais voulu vos baisers sur mes paupières contre les chagrins d'amour et ceux sur les joues contre les peurs de l'après, celui sur le front pour dormir et rêver.

Pardonnez-moi, promettez moi que Mai arrivera vite, que ça passera.

 

 

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