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Léah Touitou - Ecriture
15 octobre 2009

Mon quartier

 

Tout le monde l' a dit, "ça fait du bruit, et puis, quand même c'est pas très tranquille, c'est dangereux, c'est une rue de bars, et puis, la population de là-bas, ben...". On m'a dit qu'avant c'était la rue coupe-gorge, celle des filles légères, et maintenant, c'est celle des alcoolos, des drogués.

Bien sûr, c'est vrai, y a du bruit, du monde, des gens qui chantent. Les jours de match, on peut suivre le score sans allumer la télé. Bien sûr, on y parle plus l'arabe que le français, y a des bouteilles qui roulent par terre le matin, et des gens qui roulent par terre le soir. Bien sûr, ma porte est taguée, et quand je rentre trop tard, je garde les yeux par terre, au cas où.

Je sais déjà que certains jours, je rêverai d'arbres et de silence. 

Mais aussi, y a des cours de salsa gratuits au bar d'en face les mardi soirs. Y a des petites annonces pour donner des cours de luth orientale et de la danse africaine. Un autre  bar qui mélange la chartreuse avec la vodka. Sur les murs, les affiches changent presque tous les jours, ce genre d'affiche pour des concerts, des manifestations, des évènements, écrites à la main en noir et blanc, photocopiées à la chaine à la fac.

Y a une librairie jeunesse dans la rue d'au-dessus, et un bouquiniste dans la rue d'en dessous. Y a des milliers de nouvelles rues, un atelier de peinture, le musée des beaux-arts, un jardin sous les voutes, un cinéma minuscule avec une seule salle. Je me perds souvent...

Quand je suis arrivée, le restaurateur d'à côté nous a aidé pour garer la camionnette de déménagement, nous a débloqué une rue. Quand j'ai dit à l'épicier que j'étais nouvelle dans la rue, il m' a offert une sucette à la cerise, il m'a dit où acheter du pain. 

Les gens se parlent d'une fenêtre à l'autre, la musique arabe passe par les fenêtres. Même à minuit, je peux descendre acheter à manger. On trouve des nems, des tacos, des hamburgers, des falafels, des kebabs, de la soupe aux vermicelles, des pizzas et du poulet tikka dans la même rue. Y a même un restaurant camerounais...

Et j'aime bien, toute cette agitation colorée, tous ces gens, cette perpétuelle rumeur de vie dehors. C'est rassurant, et ça ressemble à l'Afrique.

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